Regarder le monde par la lucarne du toit
"Dès demain midi, pour quinze jours au moins, les déplacements seront fortement réduits (...) Nous sommes en guerre ! Restez chez vous. ». C’était il y a 8 jours. Aujourd’hui, j’ai comme l’impression d’être prisonnière d'une boucle temporelle. Chaque jour s’étire comme un long dimanche. Le soleil, lui, a refusé d’être confiné. Ses doux rayons ont remplacé l’alarme de mon réveil. Chaque matin aux alentours de neuf heures, ils viennent se poser sur mes joues. Leur chaleur a un effet si bienfaisant que j’en oublie même le confinement. Mais, quelques minutes plus tard, l’actualité reprend sa place.
Confinement ou pas, ma routine matinale reste la même. D’un pas décidé vers la cuisine de mon 28m2 lillois, je m’apprête à déguster le meilleur café de la journée. Depuis quelques jours, l’air frais du matin me manque. Pour éviter que la frustration ne devienne insupportable, j’ai trouvé une manière de la contourner.
Le toit de mon immeuble de deux étages est accessible par une lucarne dans les escaliers. Pantoufles rose aux pieds et une chaise pour accéder à la fenêtre située à deux mètres du sol, et me voilà prête. Sortir sans prendre de risques devient un jeu d’enfants.
Du haut de ce toit la vue est plongeante, les habitants du quartier s’activent derrière leurs fenêtres. La voisine de l’immeuble à gauche astique chaque jour une nouvelle parcelle de son appartement. Plus à droite, un homme fume sa cigarette, « A la Recherche du Temps Perdu » en main. Et puis ce matin, un solo de saxophone. Manu DIBANGO, le célèbre jazzman est décédé. Ses notes de Jazz résonnent si fort dans le quartier, qu’on imaginait presque un dernier concert de Papy Groove.
A peine le temps de rêver l’été, son atmosphère, ses plages, ses festivals, que mon téléphone retentit une fois, puis deux, puis trois. Les « alertes-infos » me rappellent qu’un virus mortel continue son œuvre meurtrière.
Dounia
"Naitre un premier avril et faire la fête en confinement, ça ressemble presque à un Prank..."