L’histoire de ma chemise à capuche
Les jours passent et se ressemblent tous.
Le soir arrive rapidement après une journée passée à réaliser mon podcast. La nuit, lorsque je ne dors pas, mon imagination vagabonde. Des vêtements commencent à se mouvoir dans ma chambre, tels des méduses dans l’océan. L’un d’entre eux se démarque des autres. C’est une chemise avec une capuche. Une alternance complexe de bandes et de carreaux bleus et blancs. Le tout forme un savant mélange de texture et de couleurs. Un véritable échiquier en coton.
Cette chemise a une histoire. Elle m’a été offerte par ma mère le jour de mes 18 ans. Cela fait 5 ans qu’elle fait partie de ma vie. Elle a vu mes toutes mes méfaits. Ici, des traces de peinture noire témoignent d’une activité d’artiste-peintre amateur révolue. Là, des petits morceaux de plâtre incrustés dans les mailles du tissu trahissent mon aversion pour les moules en porcelaine. Mon passage aux Beaux-Arts de Limoges est à jamais incrusté dans ce vêtement. Cette chemise est la seule à avoir fait tout ce chemin avec moi. Comme une sorte d’ami de l’ombre, toujours là pour éponger mes joies et mes peines.
Véritable témoin de mes expériences professionnelles, elle absorbe tout. Les odeurs de poissons lorsque je suis poissonnier l’été à Leclerc à Limoges. Les effluves de Grimbergen et de Poliakov lors des soirées étudiantes. Le temps ne semble pas avoir d’emprise sur elle. Je la porte sur les premières photos mises sur les réseaux. Ma chemise à capuche peut paraître neuve à toute personne non avertie. Je l’imagine tapie dans l’ombre accrochée à la barre de musculation.
Et soudain me vient une évidence. Nous vivons ce confinement ensemble.
J’y songe et je souris.
Arthur
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