Quand le système défaille, l'essentiel s'installe
Ce matin, le réveil ne sonne pas. A la place de son bruit strident, une chaleur. Celle du soleil. Ses rayons transpercent mes volets, fusent à travers la pièce, et s’étalent sur mon visage. Rares sont ces débuts de journée. D’autant plus un mardi matin.
Il est neuf heures, la ville est calme. A la place des grondements de moteur, des chants. Ceux des mésanges, des pies, des rouges-gorges et des moineaux. Leurs mélodies se font entendre dans toute la rue, habituellement assourdie par les embouteillages. Ce matin, ils paraissent bien loin.
Le café coule sur un refrain « Automatic Stop » des Strokes. Pour en boire une gorgée, pas besoin de badge, de gobelet en plastique et de moquette au sol. Mon mug Goldorak suffit. Confortablement installé devant mon petit déjeuner, cette matinée m’offre quelques minutes pour lire Akira. La lumière inonde la pièce.
Les minutes fondent, les jours se confondent. L’horloge affiche déjà six heures, et le soleil brille encore. Mes envies me dictent d’aller prendre l’air. Les pieds dans l’herbe, brise sur la nuque, je lève la tête et j’entends. Un silence.
Je me rends compte. Les heures de pointes, l’agitation urbaine, les impératifs, les routines : tous ont voilé la réalité. Ces courses quotidiennes nous ont dérobé un précieux allié. Le temps. Celui qui nous permet d’écouter. De sentir, de ressentir, de voir, d’observer, de vivre. Pleinement. Ce temps qui me rappelle celui de l’enfance où les journées se rythmaient par nos envies. Celle de lire, de dessiner, de jouer, de courir. Ce temps qui nous offre le danger de l’ennui, et le goût de l’essentiel.
Timothé Levaché
"Soit je fais pas grand chose, soit je fais n'importe quoi"