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Ce test qui m’a fait culpabiliser

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Dans une semaine, je déménagerai à cause de la fin du bail de mon appartement. Et c'est la famille de mon compagnon qui m'accueille chez eux : joyeux moments en perspective. Mais au-delà de ces considérations c'est leur santé qui m'inquiète plus. La maman, 50 ans, est diabétique. Le papa, 60 ans, est médecin généraliste. Et comme jamais deux sans trois, ils accueillent régulièrement des enfants d'Afrique qui se font soigner en France. Vous l'aurez deviné, à la maison il y a aussi une petite fille qui trois mois plus tôt, était opérée à cœur ouvert.

 

Donc avant tout déménagement selon Dr Beau-Père, il faut se faire dépister. Une nécessité absolue. « Vous étiez symptomatiques fin février », a-t-il avancé pour nous convaincre. « Si vous ne faites pas les tests vous ne venez pas à la maison. » Aussi simple que ça.

Question de survie, me direz-vous. Avoir le cœur net sur la nature de ces symptômes. Ne pas contaminer des personnes à risque.

Oui, mais que fait-on de ces gens qui présentent réellement des risques de complication et qui elles-mêmes n’ont pas accès aux tests ? Que fait-on de ceux qui faute de test, faute de symptômes visibles, n’ont pas eu accès aux soins hospitaliers et meurent tous les jours chez eux ?

Une vraie question à laquelle je n’ai pas su répondre. D’un côté la sécurité de la famille avec laquelle j’allais être amenée à vivre, de l’autre celle de toutes ces personnes que je ne connais pas. Et qui potentiellement, ont besoin du test que je vais faire. Ceux qui travaillent encore à l'extérieur par exemple, commerces, soignants, agents de maintenance – pour ne citer qu'eux.

 

En France, près de 350 000 tests de dépistage du Covid-19 étaient réalisés au 7 avril selon le gouvernement. Soit 0,5% de la population française. Un mois après le début du confinement, trois mois après le début de la crise sanitaire en France. Un chiffre anormalement bas, évidemment.

J'ai fini par abdiquer. Je me suis rendue sur le lieu du test, j’ai rempli des papiers, et là, en cochant la petite case, je me suis rappelée que j’étais asthmatique. Suffisamment en tout cas pour que mon médecin me prescrive de la Ventoline à chacune de mes poussées de fièvre. Me voilà donc personne à risque ; plus besoin de culpabiliser.

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Que fait-on de ceux qui faute de test, faute de symptômes visibles, n’ont pas eu accès aux soins hospitaliers et meurent tous les jours chez eux ?

LUCIE
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