Retrouvailles avec l'enfance
Une brosse rose pas plus grande que le pouce. Une paire de stiletto rouge de la taille d’un ongle. Sur l’oreiller, une robe de grand couturier qui tiendrait dans la main. Tout porte à croire qu’une icône de la mode minuscule ait pris ses quartiers dans cette ancienne salle de jeu. Pourtant, au milieu de ce monde miniature, je fais presque figure de géante.
Ces poupées, ce sont mes amies de jeunesse. Longtemps rangées et oubliées au fond d’une boîte à maquillage recyclées en abri de fortune. De Teresa, Christie et Barbie, il reste aujourd’hui des vêtements chiffonnés et des cheveux pleins de nœuds. La tentation des ciseaux ne sera pas assez forte pour essayer d’arranger ce suicide capillaire.
Dans un coin de cette salle, un livre de poche. La bibliothèque rose. “Oui-oui au pays des jouets”. Point de départ de cette aventure et une façon de vivre “entre les deux”, entre le passé et l’avenir. Les souvenirs d’enfance, un monde réconfortant, imaginaire où il ne fait jamais gris.
“Et si on se faisait une petite partie de 6 qui prend ?”. Ça a commencé comme ça. En confinement à Calais, ma famille et moi passons les journées en remettant le nez dans nos souvenirs. Cluedo, UNO ou encore la bonne paye, ... Des boites de jeux aux pliures déchirées, passées de mains en mains à travers les années. Et à se rappeler “Oh tu te souviens quand grand-mère essayait de tricher aux cartes en confondant les couleurs ?”.
Pour se remémorer les anciens, il y a aussi les clichés en sépia, sur lesquels certains visages commencent à s’effacer. A l’abri dans une boîte en carton, on passe en accéléré la vie de plusieurs générations : des fiançailles simplistes, aux robes en dentelles en passant par les nuits au camping. Mais pour continuer à remonter l’horloge du temps, c’est un autre album qu’il faut ouvrir. Une couverture orangée, travaillée en relief et fatiguée par le nombre de lecture. Ceux-là, ce sont les souvenirs dont il ne fallait pas parler, mais qu’il fallait conserver. Une guerre et des clichés pour se rappeler ceux qui l’ont faite.
Les souvenirs d’enfance, un monde réconfortant, imaginaire où il ne fait jamais gris.